Glucides, oses et osides

Glucides, oses et osides

Présentation des glucides (ou hydrocarbures)

Les glucides sont des composés organiques naturels ou artificiels constitués principalement de carbone, d’hydrogène et d’oxygène. Ils sont également appelés  » Hydrate de carbone  » ou « Hydrocarbures » à cause de leur formule brute : Cn(H2O)n. La littérature anglo-saxonne utilise le terme de  » Carbohydrates « .

Certains glucides, solubles dans l’eau possèdent un goût sucré et sont appelés sucres. Cependant, il faut noter qu’ils existent des substances qui ont un pouvoir sucrant, parfois plus élevé que celui des glucides, mais ce ne sont pas des glucides. Ces substances sont appelées édulcorants.

Les glucides constituent le groupe des composés organiques les plus abondants dans la nature. Synthétisés essentiellement par les végétaux, ils constituent pour les organismes hétérotrophes, une source énergétique de premier ordre.

Classification des glucides

Les glucides sont classés en deux grandes catégories : oses et osides. Les oses (ou monosaccharides) sont les composés les plus simples des glucides. La combinaison de plusieurs oses conduit à la formation d’un oside (ou saccharide). Ces derniers sont aussi divisés en deux groupes : les holosides et les hétérosides. Les diholosides (ou disaccharides) et les polyholosides (ou polysaccharides) qui sont les glucides les plus important en industries agroalimentaires appartiennent au premier groupe.

Classification des glucides
Figure 1 : Classification des glucides

Dans leurs réactions chimiques, les glucides font intervenir deux fonctions principales : le groupe carbonyle (aldéhyde ou cétone) et la fonction alcool. Les principaux glucides sont le saccharose (ou sucre), l’amidon, la dextrine, la cellulose et le glycogène, substances qui constituent une part importante de l’alimentation de l’homme et de nombreux animaux.

Les oses : Monosaccharides

Définition

Les oses, ou monosaccharides, sont les plus simples des glucides. Ce sont des polyalcools portant une fonction aldéhyde ou cétone voisine d’une fonction alcool, non hydrolysables et doués d’un pouvoir réducteur. Ils ont pour formule brute : Cn(H2O)n.

Le plus simple des oses est le glycéraldéhyde qui est un triose constitué de 3 atomes de carbones, 2 fonctions alcool et une fonction aldéhyde.

Glycéraldéhyde
Figure 2 : Exemple de d’oses ou monosaccharides

Les plus connues des oses sont le glucose, le galactose et le fructose doués d’un pouvoir sucrant. Ce dernier n’est pas identique pour les trois molécules ; le glucose et le galactose goûtent beaucoup moins sucré que le fructose. La figure 3 représente le glucose, le galactose et le fructose représentés en HAWORTH.

Glucose galactose et fructose
Figure 3 : Glucose, galactose et fructose

On retrouve du glucose et du fructose dans la plupart des végétaux au goût sucré. Le sirop de maïs est un sirop de glucose fabriqué à partir de fécule de maïs. Beaucoup d’aliments sucrés produits par l’industrie contiennent du sucre inverti. Il s’agit d’un mélange de glucose et de fructose.

Classifications des oses

La classification des oses (monosaccharides) est basée sur deux éléments : la nature de la fonction carbonyle et la longueur de la chaîne carbonée.

En fonction de la nature de la fonction carbonyle, on distingue : les aldoses, comportant une fonction aldéhyde, et les cétoses, comportant une fonction cétone. Dans la nature, on trouve surtout des aldoses tels que le glucose ; les cétoses sont moins abondants. Le fructose, sucre des fruits, reste le plus répondu des cétoses. La figure 4 représente le glucose et le fructose présentés en FISCHER.

Aldoses et Cétoses
Figure 4 : Aldose et cétoses

En fonction de la longueur de la chaîne carbonée, on distingue : les trioses (3 carbones), les tetroses (4 carbones), les pentoses (5 carbones), les hexoses (6 carbones) et les heptoses (7 carbones). La plupart des monosaccharides que l’on retrouve chez les êtres vivants sont des pentoses (C5H10O5) ou des hexoses (C6H12O6).

On retrouve la plupart des pentoses dans les acides nucléiques (comme l’ADN par exemple). Les plus importants pentoses sont : le ribose et le désoxyribose.

Les hexoses sont les monosaccharides les plus abondants dans la nature. Les plus connus sont : le glucose (ou dextrose), le fructose (ou lévulose) et le galactose.On retrouve du glucose et du fructose dans la plupart des végétaux au goût sucré. Le glucose est également appelé « Sucre de raisin« .

Osides : Saccharides

Les osides, ou saccharides, sont les glucides qui par hydrolyse libèrent des oses. Cette hydrolyse peut libérer, à côté des oses, des groupements de nature non glucidique appelés  » groupement aglycones « .

La classification des osides est basée sur deux éléments essentiels : la présence ou non d’un groupement aglycone et le nombre de molécules d’oses constituant l’oside.

En fonction de la présence ou non d’un groupement aglycone, on distingue les holosides et les hétérosides. Les holosides sont des osides qui par hydrolyse ne libèrent que des oses. Alors que les hétérosides ce sont les osides qui libèrent par hydrolyse des oses et un ou plusieurs groupements aglycones.

En fonction du nombre de molécules d’oses (poids moléculaire), on divise les holosides en oligoholosides et polyholosides. Les premiers comportent 2, 3 ou 4 oses par molécule ; les seconds en contiennent beaucoup plus. Cependant, notons que certains auteurs considèrent comme faisant partie des oligoholosides les holosides ayant jusqu’à 10 molécules d’oses par molécule d’oside. La figure N°1, ci-dessous mentionnée, classe les holosides en diholosides (disaccharides) et polyholosides (polysaccharides). Cette classification est souvent utilisée en littérature.

Les plus connues des oligoholosides sont les diholosides dont le saccharose, le lactose et le maltose en font partie. En revanche, l’amidon, la cellulose et le glycogène sont des polyholosides.

En diététique, on divise souvent les glucides en sucres (mono et disaccharides), amidon et fibres (cellulose).

Diholosides : Disaccharides

Les diholosides, ou disaccharides, sont des glucides formés de l’union de deux oses ( deux monosaccharides), généralement des hexoses, par une liaison dite osidique (appelée également liaison glucosidique).

Les disaccharides et les monosaccharides ont tous des glucides qui ont un goût sucré. Si, sur une échelle arbitraire, on attribuait au saccharose (le sucre de table) un pouvoir sucrant de 100, alors les autres sucres seraient à :

Saccharose100
N.B. La perception du goût sucré est quelque chose de subjectif. Elle varie d’une personne à l’autre.
Fructose~ 150
Glucose~ 75
Maltose~ 40
Galactose~ 35
Lactose~ 20
Tableau 1 : Pouvoir sucrant de certains glucides

Les diholosides, ou disaccharides, sont classés en diholosides réducteurs et non réducteurs. Cette propriété est due à la présence ou non d’une fonction réductrice libre sur le diholoside. Le maltose et le lactose, par exemple, sont des diholosides réducteurs, alors que le saccharose est un diholoside non réducteur.

Saccharose

Le saccharose, le plus connu des glucides, est un diholoside (disaccharide) non réducteur de formule chimique C12H22O11 qui se forme par l’union d’un glucose à un fructose. Au cours de la réaction, le groupement OH d’un des deux sucres se lie à un H du OH de l’autre sucre. Il se forme alors une molécule d’eau. Les deux sucres demeurent liés par l’intermédiaire d’un O. Ce type de réaction où deux molécules simples s’unissent avec dégagement d’une molécule d’eau est appelé réaction de condensation (ou synthèse par déshydratation). La réaction inverse est appelée hydrolyse.

Saccharose
Figure 5 : Formation du saccharose

Le saccharose est le sucre de table ordinaire, extrait de la betterave sucrière et de la canne à sucre. Il est soluble dans l’eau et dans une moindre mesure dans l’alcool et l’éther. Lorsqu’il se cristallise, le saccharose forme de longues aiguilles minces faites de cristaux dextrogyres (qui dévient vers la droite le plan d’une lumière polarisée). Soumis à une hydrolyse, le saccharose donne un mélange lévogyre (qui dévie vers la gauche le plan d’une lumière polarisée) de glucose et de fructose. Le mélange obtenu est de ce fait appelé sucre inverti, parce qu’il y a eu une inversion du sens du pouvoir rotatoire, et le processus correspondant est appelé inversion.

Inversion du saccharose
Figure 6 : Inversion du saccharose

L’hydrolyse ou l’inversion du saccharose peut être obtenue soit par voie chimique (chauffage en milieu acide) soit par voie enzymatique (action de l’alpha-glucosidase ou sucrase ainsi que la bêta-fructosidase ou invertase). Dans l’intestin des êtres humains, l’inversion du saccharose s’effectue à l’aide de ces deux enzymes : l’invertase et la sucrase.

Notons que le sucre inverti a un pouvoir sucrant plus important que celui du saccharose. Le goût très sucré du miel est dû à sa richesse en sucre inverti.

Lorsqu’il est chauffé à des températures supérieures à 180 °C, le saccharose se transforme en une substance amorphe (qui n’est pas cristallisée), brune et sirupeuse appelée caramel.

Maltose

Le maltose est un diholoside (disaccharide) réducteur de formule brute C12H22O11 , constitué par l’union de deux molécules de glucose unies par une liaison osidique alpha 1-4. Le maltose se forme par action de l’enzyme amylase sur l’amidon. On le trouve à l’état libre chez certains végétaux.

Le maltose est soluble dans l’eau, légèrement soluble dans l’alcool, se cristallise en fines aiguilles et est dextrogyre. Par hydrolyse, il donne le glucose.

Formation du maltose
Figure 7 : Formation du maltose

Le maltose est un sucre facilement digestible et est utilisé pour préparer des aliments pour nourrissons, comme la farine lactée et certaines boissons. Fermenté par la levure, il est important pour le brassage de la bière.

Lactose

Le lactose est un diholoside (disaccharide) réducteur de formule brute C12H22O11, constitué d’une molécule de glucose et d’une molécule de galactose unies par une liaison osidique bêta 1-4. C’est le sucre du lait : il existe presque exclusivement dans le lait des mammifères et à des teneurs très variables (10 à 80 g/l selon les espèces).

Lactose
Figure 8 : Lactose

Le lactose est un sucre non fermentiscible par la levure de bière, mais il est fermentiscible par d’autres microorganismes. Il est hydrolysable par l’émulsine et la lactase intestinale.

Polyholosides : Polysaccharides

Les polyholosides ou polysaccharides sont des polymères (grosse molécule formée de l’union de nombreuses petites molécules semblables) à poids moléculaire plus ou mois élevé et dont l’hydrolyse libère uniquement des oses et des dérivés simples d’oses.

Les polyholosides différent entre eux par la nature des oses et leurs dérivés entrant dans leur constitution, leur poids moléculaire, la façon dont les oses sont reliés entre eux et l’architecture globale de la chaîne ; ce qui explique la grande diversité des polyholosides naturels. La plupart des polysaccharides sont des polymères de glucose. Les trois polysaccharides les plus connus parmi les glucides, sont :

  • L’amidon
  • Le glycogène
  • La cellulose

Amidon

L’amidon est le sucre de réserve des plantes. C’est à dire que sous cette forme que les plantes mettent en réserve leurs surplus de glucose. On retrouve de l’amidon surtout dans les racines, les graines et les fruits. L’amidon est particulièrement abondant dans les céréales (riz, blé, maïs, etc.) et les tubercules (pommes de terre). C’est une matière première importante en industrie : industrie des céréales, amidonnerie-glucoserie, industrie de fermentation, industrie des colles et textiles, industrie pharmaceutique, etc.

Au microscope, l’amidon se présente sous forme de petits grains à l’intérieur d’une cellule. Leur forme et leur dimension varient d’une espèce à l’autre.

De point de vue chimique, l’amidon est formé de deux types de polymères de glucose : l’amylose et l’amylopectine. L’amylose est formée de chaînes linéaires de glucoses unis en alpha 1-4 alors que l’amylopectine est formée de chaînes ramifiées faites de glucoses unis en alpha 1-6. Chaque molécule peut contenir de 100 à 20 000 glucoses. La proportion amylose-amylopectine varie en général de 1/5 à 1/4 pour l’amylose. Toutefois, il existe certains amidons, dits cireux, très pauvre en amylose (0 à 6%). C’est le cas de certaines variétés de maïs, d’orge et de riz. Ces produits sont recherchés pour certaines préparation culinaires. En présence de l’iode, l’amidon se colore en bleu.

Amylose et amylopectine
Figure 9 : Amylose et amylopectine, deux constituants de l’amidon

D’une façon générale, l’amidon est insoluble dans l’eau froide. Mais après un broyage conséquent, ayant pour but d’écraser les grains, une bonne partie de l’amidon rentre en solution. Il est également insoluble dans les solvants organiques habituels mais soluble dans d’autres moins courants : l’ammoniac, les piperidines, ainsi que dans les solutions de certains  sels tels que le chlorure de calcium ; de telles solutions sont utilisées pour le dosage de l’amidon.

Avec l’eau chaude on obtient une pâte. On dit que l’amidon se « gélatinise ». Le produit obtenu est appelé empois d’amidon. Il s’agit d’un gonflement des grains d’amidon conduisant à une solution de type colloïdale, qui peut se transformer en gel par refroidissement. L’amidon peut également être solubilisé par un traitement à l’acide chlorhydrique à froid, ou au glycérol à chaud. Il s’agit, en fait, dans ces cas non pas de l’amidon soluble mais d’un produit de dégradation plus ou moins poussée qui garde certains propriétés de l’amidon comme sa coloration en bleu sous l’action de l’iode, mais il perd d’autres telles que la possibilité de former de l’empois d’amidon par chauffage.

Par action enzymatique, l’amidon s’hydrolyse en présence de l’amylase. On distingue deux principales amylases : l’alpha-amylase et la bêta-amylase.

L’alpha-amylase est une enzyme d’origine animale (c’est le cas de l’amylase salivaire et de l’amylase pancréatique) qui attaque les liaisons osidiques alpha 1-4 de l’amidon sans ordre et libère du glucose et des fragments plus ou moins importants de chaîne d’amidon, dits dextrines.

La bêta-amylase est une amylase d’origine végétale principalement (c’est le cas de la maltase extraite du malte de l’orge) qui attaque aussi les liaisons alpha 1-4 en partant de l’extrémité de la chaîne non réductrice et libère du maltose et dextrines.

Notons aussi qu’il existe une autre amylase appelée gamma-amylase, trouvée chez les levures, les champignons et dans les lysosomes du foie des animaux, hydrolyse les liaisons osidiques alpha 1-4 et alpha 1-6 de l’amidon.

Amidon modifié

L’amidon est souvent utilisé sans modification. Cependant, certaines utilisations exigent des propriétés particulières et par suite des modifications de l’amidon sont nécessaires. Le produit résultant de la modification de l’amidon est appelé amidon modifié.

Les sirops de glucose (mélange de glucose, maltose et dextrines) sont obtenus par hydrolyse acide ou enzymatique de l’amidon ; le degré d’hydrolyse est désigné par DE (Dextrose Equivalent). Ces sirops sont des amidons modifiés utilisés principalement en confiserie.

Le besoin des charcuteries, confiseries, etc. en amidon peu visqueux peut être satisfait par oxydation des groupements hydroxyles et aldehydes libres de l’amidon.

La demande en “solution” d’amidon stable utilisable comme épaississant est satisfaite par estérification et éthérification de l’amidon.

Glycogène

Le glycogène est un polymère de glucose semblable à l’amylopectine, présent dans les muscles (la viande) et le foie des animaux. On qualifie le glycogène de sucre de réserve des animaux ; il est parfois appelé « amidon animal« . C’est en effet sous cette forme que l’organisme mis en réserve les surplus de glucose. Le glycogène est également trouvé chez certains végétaux mais avec un taux très faible. En présence de l’iode, le glycogène se colore en rouge-brun-violet.

Suite à un repas riche en sucres, le sang risque de devenir dangereusement trop concentré en glucose. On dit alors que la glycémie augmente. Les cellules (foie et muscles surtout) transforment alors ces surplus de glucose en molécules de glycogène ce qui contribue à faire baisser la glycémie.

glucose + glucose + glucose + ………… ==> glycogène

Inversement, si le taux de glucose sanguin devient trop bas (après un jeûne de quelques heures ou une intense activité physique), le glycogène accumulé dans le foie peut se défaire de nouveau en glucose qui passe dans la circulation sanguine.

glycogène ==> glucose + glucose + glucose + …………….

Contrairement à l’amidon, le glycogène est soluble dans l’eau et dans le protoplasme cellulaire ; et il est insoluble dans l’alcool. La solubilité du glycogène dans l’eau est due à sa structure globulaire. Dans cette structure, les groupements hydroxyles hydrophiles sont disposés à l’extérieur de la maille globulaire ce qui les rend disponibles.

Le glycogène résiste mieux à l’action des alcalis même concentrés. Cette propriété dont l’amidon n’en dispose pas est utilisée pour isoler le glycogène des tissus animaux par extraction à la potasse et à chaud. Le glycogène est ensuite précipité par addition d’éthanol.

Cellulose

La cellulose est le polysaccharide le plus abondant dans le règne végétal. En effet, plus de 50% du carbone végétal est sous forme de cellulose. Si le bois ne contient que 40 à 50% (par rapport au poids sec) de cellulose, les fibres végétales en sont beaucoup plus riches ; c’est le cas par exemple du coton qui est constitué presque de 90% (de sa masse totale) de cellulose.

Comme tous les polysaccharides, la cellulose est un polymère de glucose. Elle est formée de longues chaînes linéaires de glucoses liés les unes aux autres. Par contre, les liaisons entre les glucoses sont différentes de celles de l’amidon ou du glycogène : ces liaisons bêta 1-4 ne peuvent pas être brisées par les sucs digestifs de la plupart des animaux. Résultat, on ne peut pas digérer la cellulose. Celle-ci parcourt tout le tractus digestif et ressort intacte à l’autre bout. Cependant, certains herbivores abritent aussi dans leur intestin des colonies de bactéries pouvant digérer pour eux une partie de la cellulose qu’ils consomment. Les enzymes responsable de cette hydrolyse sont appelées cellulases.

La cellulose est douée d’une grande résistance mécanique et inertie chimique : insoluble dans l’eau et dans les solvants organiques. Les alcalis et acides dilués n’ont aucune action sur la cellulose même à chaud. Cette résistance à l’action des alcalis et des acides constitue la base de séparation de la cellulose dans un mélange de polysaccharides.

Cependant, la cellulose est soluble dans la liqueur de SCHWITZER (solution ammoniacale d’hydroxyde cuivrique). Cette propriété est à la base de la fabrication des fibres artificielles : la cellulose attaquée par la liqueur de SCHWITZER donne une solution colloïdale qui est précipitée sous l’action d’acides, bases ou sels et donne « la soie du cuivre ».

La cellulose est hydrolysée par les acides concentrés à chaud. Suivant l’acide utilisé, cette hydrolyse peut être totale (H2SO4) ou partielle (HCl). Dans le premier cas on obtient du glucopyranose et dans le deuxième cas on obtient du cellubiose, cellotriose et des homologues supérieurs.

La cellulose est utilisée à divers fins : industrie du textile, papeterie, industrie des explosifs (nitrocellulose), industrie des matières plastifiantes (acétate de cellulose), etc. Il constitue également une part importante de ce qu’on appelle les fibres alimentaires (parties non digestibles des aliments) et joue par conséquent un rôle important dans l’alimentation humaine.

Les hétérosides

Les hétérosides ce sont les osides qui libèrent par hydrolyse des oses et un ou plusieurs groupements aglycones. La chitine, l’amygdaline et les acides nucléiques sont des exemples des hétérosides.

La chitine est un polymère semblable à la cellulose sauf qu’elle est formée de glucoses aminés (c’est un glucose lié à un groupement amine NH2). La chitine est généralement durcie et rigidifiée par des dépôts de carbonates de calcium (CaCO3). La chitine forme l’exosquelette (la carapace) des Arthropodes (araignées, insectes, crustacés).

L’amygdaline résulte de la combinaison du gentiobiose et du mandélonitrile (cyanhydrine du benzaldéhyde). On le trouve dans les amandes amères et les noyaux de cerise. Son hydrolyse libère de l’acide cyanhydrique, d’où l’amertume de ces amandes et leur toxicité.

Les acides nucléiques sont des combinaisons de ribose, d’acide phosphorique (sous forme de phosphates) et de bases aminées (dites puriques ou pyrimidiques). Les monomères sont les nucléotides, qui se combinent pour former l’ARN et l’ADN. Un des nucléotides sert également de réserve d’énergie : l’ATP ou adénine-ribose-triphosphate.

Réactions chimiques des glucides

Mutarotation

Pour la plupart des oses, une solution fraîchement préparée possède un pouvoir rotatoire instable ; celui-ci évolue progressivement vers une valeur constante particulière pour chaque ose. C’est le phénomène de mutarotation. La mutarotation n’est pas une réaction chimique mais c’est plutôt une propriété chimique des oses.

Par exemple, une solution fraîche de glucose ordinaire possède un pouvoir rotatoire de +112,2° à 20°C ; celui-ci évolue progressivement pour atteindre en quelques heures la valeur de +52,5° à 20°C. Ceci est dû à la formation de deux anomères alpha-D-glucose et bêta-D-glucose après cyclisation (mutarotation) du glucose.

mutarotation du glucose
Figure 10 : Réaction de mutation de glucose

Hydrolyse des glucides

L’ hydrolyse des glucides est la réaction de dégradation des osides en molécules de petit poids moléculaire : oses, disaccharides, dextrines, aglycones, etc. Cette réaction est catalysée par la chaleur, les acides, les alcalis et/ou les enzymes. Les produits de la réaction sont différents selon l’oside et le catalyseur utilisé.

La réaction d’hydrolyse des glucides a une grande importance en industrie. Elle est utilisée pour produire un produit fini qui a des propriétés différentes de celle de la matière première ou pour produire des glucides qui sont rares ou qui n’existent pas à l’état naturel à partir d’autres glucides abondant tel que l’amidon et la cellulose.

Par exemple, l’hydrolyse de l’amidon du maïs est réalisée commercialement pour produire les sirops de glucose qui sont utilisés dans les boissons non-alcooliques et dans d’autres produits alimentaires.

Réaction d’estérification des glucides

La réaction d’estérification est une réaction d’un acide et d’un alcool. Le produit de la réaction est un ester. La réaction inverse est l’hydrolyse.

Acide + Alcool  <======> Ester + Eau

Comme tous les alcools (les glucides sont des polyalcools), les fonctions hydroxydes (-OH) des oses réagissent avec les acides, les anhydrides d’acides ainsi qu’avec les chlorures d’acides pour donner des esters. Cette réaction est appelée estérification des glucides.

Cette réaction est utilisée industriellement pour produire le nitrate de cellulose, composé inflammable et explosifs, à partir de cellulose.

Réaction d’ethérification des glucides

Les oses réagissent avec les alcools pour donner de véritables liaisons éther. En pratique cette réaction est relativement difficile et exige des réactifs plus énergétiques que le méthanol tel que le sulfate diméthylique ou l’iodure de méthyle.

R1—OH + HO—R2 =======> R1—O—R2 + H2O    

(Réaction d’ethérification avec R1—OH est un ose et HO—R2 est un alcool)

L’intérêt de cette réaction d’ethérification réside dans son utilisation pour l’étude de la structure des oses.

Réaction de Maillard

La réaction de Maillard est l’ensemble des interactions résultant de la réaction initiale entre un sucre réducteur et un groupement aminé. Cette réaction a une importance énorme dans la chimie des aliments. Elle est la responsable principale de la production des odeurs, des arômes et des pigments caractéristiques
des aliments cuits. Elle peut aussi donner naissance à des composés cancérigènes et également réduire la valeur nutritionnelle des aliments en dégradant les acides aminés essentiels. La réaction de Maillard est développée dans la partie relative aux réactions d’altération chimique des aliments.

Utilisation des glucides

Les glucides constituent la majorité des sources de calorie pour la consommation humaine. Ils sont également utilisés comme matière première ou additifs pour la fabrication de plusieurs produits alimentaires ou autres. Leur utilisation comme additifs dans les produits alimentaires est due essentiellement à la propriété stabilisante, épaississante et gélifiante de certains glucides.

Le caramel est un produit alimentaire très apprécié dans les préparations culinaires pour ses propriétés organoleptiques et physiques. Ce produit est obtenu par un chauffage du saccharose (sucre de cuisine) à des températures supérieures à 180 °C.

L’amidon est utilisé dans la préparation de plusieurs aliments tels que les aliments le bétail, la pectine, agents gélifiants, la production de matériaux adhésifs et d’émulsions. Le sirop de maïs est obtenu par un traitement chimique de l’amidon de maïs au cours duquel les molécules d’amidon sont brisées en molécules de glucose. On peut également transformer une partie de glucose en fructose afin d’augmenter le goût sucré du sirop. Les sirops de glucose sont utilisés dans les boissons non-alcooliques et dans d’autres produits alimentaires.

Les polysaccharides des parois des algues rouges, gélose, ou agar-agar et carraghénane, sont exploités industriellement pour leurs propriétés gélifiantes, émulsifiantes ou stabilisatrices. L’agar et son dérivé purifié, l’agarose, sont très utilisés en laboratoire. Le premier est un constituant de base de milieux de culture solidifiés pour la culture de micro-organismes, bactéries, champignons, micro-algues ou plantules. Le second sert de support pour la séparation de macromolécules par électrophorèse. Les carraghénanes trouvent surtout leur utilisation dans l’industrie alimentaire, en particulier dans la confection de crèmes glacées, mais aussi dans les industries pharmaceutique, textile et de l’imprimerie.

La dextrine, glucide soluble et amorphe, est obtenue par l’action d’acides, de chaleur ou d’enzymes sur la pâte d’amidon. Le premier produit formé dans cette réaction est l’amidon soluble, qui s’hydrolyse ensuite pour former la dextrine. On prépare la dextrine commerciale en humidifiant légèrement l’amidon de pomme de terre avec de l’acide nitrique faible, puis par séchage et chauffage de la masse à 110 °C. La dextrine est utilisée dans la production de la bière, et comme substitut de la gomme arabique dans l’impression d’étoffes de coton. Elle est également utilisée comme adhésif.

Avec un mélange d’acide nitrique et d’acide sulfurique, la cellulose forme une série de composés inflammables et explosifs appelés nitrates de cellulose ou nitrocellulose. La pyroxiline est un nitrate de cellulose employé pour divers vernis et plastiques ; un autre, le collodion, entre dans la composition de cuir artificiel et de certains vernis. Les photographes utilisent le collodion alcool-éther à 0,4% de nitrate de cellulose additionné de bromure, de chlorure ou d’iodure sur verre. Un troisième nitrate de cellulose, le fulmicoton, est un explosif propulsif employé dans les cartouches. La cellulose est utilisée également pour la fabrication du papier, textil et matières plastiques.

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